L’ascension Actes 1.11/11
Excellent Théophile, il faut que je te livre
Ce que le Christ a fait, je l’ai dit dans mon livre,
Et ses puissants miracles, et ses enseignements,
Ce que notre œil a vu dès le commencement.
Jésus fut enlevé ayant livré sa vie,
La montagne d’opprobre et de douleur gravie.
Jésus donna ses ordres avant qu’il fût ravi,
Dit : j’enverrai bientôt sur vous le Saint-Esprit.
Seigneur, est-ce en ce jour, lui dirent les apôtres,
Que tu établiras ton royaume et le nôtre ?
Il répondit : allons ! n’ayez cure du temps
Que le Père a fixé. Ce n’est pas important.
Mais attendez plutôt de l’Esprit la puissance
Onction de lumière, arme de délivrance
Dans toute la Judée vous me témoignerez,
Et sur la terre entière mon nom proclamerez.
Après ces derniers mots, cet ultime message,
Le Seigneur s’éleva dans un épais nuage
Et tandis qu’ils avaient sur lui fixé les yeux,
Deux anges aussitôt descendirent des cieux.
Que cherchez-vous aux nues, hommes de Galilée ?
Croyez-vous qu’avec lui la vie s’en est allée ?
À quoi bon la tristesse et l’incrédulité ?
Jésus s’est élevé, le monde il a quitté
Comme un souffle de vent le reprit de la terre
Mais il nous reviendra de la même manière.
Pentecôte Actes 2.1/13
Ils étaient cent vingt hommes, disciples apeurés,
Cachés sous la charpente, dans la ville terrés,
Se voyant menacés, dans les rues, où qu’ils aillent,
De pieux Judéens craignant les représailles.
Dans une chambre haute, et du maître privés,
Leur sombre désarroi sur la pierre est gravé.
Où donc est le rocher au fort de la détresse ?
Et pourtant dans les rues, tout est bonheur, liesse
C’est jour de Pentecôte, jour d’adoration,
Les juifs se rassemblaient de toutes les nations.
Le parvis retentit de leurs chants d’allégresse.
Les disciples de Christ attendent la promesse.
Avec persévérance ils attendent l’Esprit,
La puissance d’en haut que Jésus a prédit.
Quand soudain s’engouffra comme un vent de tempête,
Un orage de feu au-dessus de leur tête.
L’Esprit était venu, l’Esprit de vérité
Dans le cœur des croyants qui l’avaient invité.
L’Esprit est arrivé, tourbillonnante flamme,
Illuminant les corps, purifiant les âmes.
Le Saint-Esprit est là. Courage, enfants de Dieu !
Et relevez le front, debout jeunes et vieux !
Vous voici revêtus de toute la puissance.
Le Saint-Esprit est là ! Portez avec vaillance
Le drapeau de la foi, le flambeau de la croix !
L’Évangile divin criez à pleine voix !
Le Saint-Esprit agit et délivre les langues.
On entend à présent d’étonnantes harangues.
Quel étrange discours, ces mots n’ont aucun sens !
Nous n’y comprenons rien ! Mais que disent ces gens ?
Voilà des étrangers grossiers et barbares
Leur langage, ma foi, n’est qu’un lourd tintamarre.
Moi, je l’entends fort bien, je suis Cyrénéen.
Mais ces prédicateurs sont tous Galiléens
Comment prêchent-ils donc en crétois, en arabe ?
Et même en panphilien, gracieuses syllabes !
Croyez-le, mes amis, ces gens-là sont pieux
Car ils parlent ainsi des merveilles de Dieu.
Merveilles, dites-vous ? Ces hommes vous attrapent.
Je crois qu’ils ont forcé sur le jus de la grappe !
Pierre sort de sa torpeur Actes 2.14/40
Le voici qui se lève, Simon, fils de Jonas,
L’impétueux pêcheur, Pierre, appelé Céphas,
Pierre le prétentieux, le lâche enfin, le traître.
L’apôtre qui naguère a renié son maître
Foin de ses vieilles craintes, il ne se taira plus.
N’est-il pas serviteur et n’est-il pas élu ?
« Frères humains, dit-il, écoutez, je vous prie :
Non, ces hommes n’ont pas abusé d’eau-de-vie
Mais selon le message donné pour Israël
Par la bouche, autrefois, du prophète Joël :
Car il vient une année nouvelle
Où dans ma puissance éternelle,
Je répandrai sur toute chair
Souffle du vent, souffle de l’air.
Mon Esprit saint sur toute vie.
Et vos filles seront ravies
De songes et de visions,
Vos vieillards prophétiseront.
Voici ce que ma main va faire,
Tant dans les cieux que sur la terre :
En ce jour, par mon bras puissant,
Je changerai la lune en sang.
Le soleil perdra sa lumière ;
Voici ce que ma main va faire.
Puis viendra le jour du Seigneur,
Un jour de gloire et de malheur.
Alors, de tous ceux qui m’appellent
Je sauverai l’âme rebelle.
Tout pécheur sera délivré.
Mais je veux vous parler de ce maître navré.
Hommes israélites, écoutez ce message :
De Jésus Dieu lui-même a rendu témoignage.
Il fit tant de miracles et vous l’avez livré
Entre des mains impies, vous l’avez condamné,
Sur une croix cloué. À l’opprobre du monde
Il fut jeté, foulé, pendu au bois immonde.
Mais le Dieu des victoires, Adonaï, le Dieu fort
L’a repris du séjour infâme de la mort.
Ainsi l’a dit David, le chanteur et poète,
Ainsi l’a dit David, le roi et le prophète :
Je vois le Seigneur devant moi,
À ma droite il soutient ma foi.
Mon âme l’adore en silence,
Ma chair s’endort en espérance,
Ne souffrant l’altération
Ni même la corruption
Tu m’as fait découvrir la vie,
De joie mon âme est assouvie.
Le roi David est mort, il fut enseveli,
On voit sa tombe encor, c’est un fait établi.
Or, du Dieu saint David connaissait les oracles,
De la résurrection prédisait les miracles.
Il savait que le Christ, ce rédempteur si cher,
Par un appel divin renaîtrait dans sa chair.
Il fut donc élevé pour une vie nouvelle,
Pour une royauté glorieuse, immortelle.
Je ferai, dit David, de tous tes ennemis
Un appui sous tes pieds, mon Seigneur l’a promis.
Aujourd’hui l’Esprit saint à votre esprit s’adresse,
Frères, écoutez-le, sa parole vous presse.
Israël, sachez-le, Dieu vous a confié
Jésus de Nazareth : il fut crucifié.
Son corps mis au tombeau, le prophète l’assure,
Du sépulcre jamais n’a vu la pourriture.
Il règne désormais sur son trône éternel,
Il est le roi promis au peuple d’Israël. »
Lorsqu’ils eurent ouï le message de Pierre,
Acculés par l’esprit, les juifs se prosternèrent.
Les moqueurs effrayés tombèrent à genoux,
Suppliant les apôtres, dirent : « Que ferons-nous ?
– Frères, votre pardon et votre délivrance
Ne pourront s’accomplir que dans la repentance.
Alors, le saint courroux vous aurez apaisé.
Que chacun d’entre vous se fasse baptiser
Du baptême promis recevez la puissance
Et du salut de Dieu la pleine jouissance.
Du monde gardez-vous de la corruption
Et de cette perverse génération. »
Le boiteux de la Belle Porte Actes 3
Au temple de Sion au temps de la prière,
Sur les larges degrés, Jean montait avec Pierre.
Un homme s’y tenant, boiteux depuis toujours,
Qu’il fallait transporter jusqu’au fond de la cour,
Et devant cette porte ainsi nommée « la Belle »
Il attendait en vain cette bonne nouvelle :
Une obole, une aumône, un geste de pitié,
Un sourire, un seul mot, quelque grain d’amitié,
Mais chacun gravissait, chargé d’indifférence.
Les mois, les ans coulaient, brisant son espérance ;
Érodé par les pleurs, par les larmes usé.
Pierre fixe les yeux sur l’infirme brisé :
« Regarde-nous ! » dit-il. Alors le pauvre hère
Ose enfin relever son front gris, il espère
Une pièce, un quignon de ces honnêtes gens.
« Je ne puis te donner point d’or et point d’argent
Mais ce que j’ai, infortuné, je te le donne.
Lève-toi, marche, au nom de Jésus je l’ordonne ! »
Sans attendre, d’un bond, voilà l’homme dressé
Marchant, sautant, louant, à courir empressé.
« N’est-ce pas ce boiteux, mendiant à la porte
Qu’en ce temple l’on voit gambader de la sorte,
Sans bâton, sans béquille et sans aucun appui,
Louant à pleine voix ? — Oui, j’ai bien vu, c’est lui
Qui bénit l’Éternel et chante des cantiques. »
Le peuple les suivait jusqu’auprès du portique
De Salomon, surpris, ébranlés dans le leur foi.
Pierre, élevant la voix, leur dit : « Écoutez-moi !
Pourquoi vous étonner, hommes Israèlites,
Gens de Jérusalem, tant juifs que prosélytes.
Pourquoi fixer sur nous des regards inquiétés
Comme si notre force ou bien notre piété
Ait pu faire courir un malheureux infirme.
Mais le Dieu d’Abraham — la Torah le confirme —,
Dieu a glorifié Jésus, son serviteur,
Vous l’avez renié devant le gouverneur
Pilate qui pourtant voulait le laisser vivre ;
Vous avez résolu qu’à la croix on le livre.
Vous avez rejeté le sauveur juste et saint
Et demandé la vie d’un ignoble assassin.
Vous avez fait mourir le prince de la vie,
Que Dieu dans sa puissance et sa grâce infinie
Ressuscita des morts, son Messie et son Oint.
Jésus-Christ est vivant, nous en sommes témoins.
Par la foi en son nom, débordant d’espérance,
Cet homme fut guéri. Mais c’est par ignorance
Que vous avez agi. Par Dieu fut accompli
Ce qu’au temps de vos pères il avait établi :
Le Messie vous devait sauver par ses souffrances
Les prophètes l’avaient annoncé par avance.
Mes frères il vous faut alors vous convertir
Et de tous vos péchés affreux vous repentir.
Alors vous recevrez de par sa grâce immense
Des journées d’allégresse et de réjouissance
De la part du Seigneur qui vous est destiné,
Au nom de Jésus-Christ que Dieu vous a donné.
Ainsi Moïse a dit : “Écoutez mon prophète
En tout ce qu’il vous dit, que vos âmes soient prêtes.
Vous exécuterez tout ce qu’il vous dira
Et je retrancherai qui s’y refusera.”
Il prévint Abraham : “Les peuples de la terre
Et toutes les familles, et ta lignée entière,
Goûteront mes bienfaits en ta postérité.”
C’est donc à vous d’abord qu’il avait suscité
Son Fils venu des cieux, son serviteur fidèle,
Sacrifier sa vie pour un peuple rebelle,
Son sang peut vous laver de votre impiété
Si vous vous détournez de vos iniquités. »
Pieere et Jean arrêtés Actes 4
Tandis que Pierre et Jean haranguaient de la sorte,
Le commandant du temple apparut à la porte,
Flanqué d’immolateurs et de sadducéens.
Que l’on prêche céans l’homme Nazaréen,
Voilà qui ne pouvait qu’attirer la colère.
Ils les firent saisir, en geôle ils les jetèrent.
On eut beau menacer, on eut beau les lier
Les nouveaux convertis se nombraient par milliers.
Le lendemain, les chefs à Sion s’assemblèrent
Avec Anne et Caïphe, les anciens et les pères
Jean, Alexandre, et tous les sacrificateurs,
Ils firent convoquer les deux agitateurs,
Leur disant : « De quel droit et par quelle puissance
Au mépris de nos lois et de nos convenances
Agissez-vous ainsi ? » Pierre, empli de l’Esprit
Se leva, leur parlant face à face et leur dit :
« Si vous nous accusez pour une bienfaisance,
Pour avoir au perclus porté la délivrance,
Sachez-le, c’est au nom de Christ de Nazareth
Qui guérit le boiteux et le lépreux rend net.
C’est lui la pierre rejetée
Par vous qui construisez la tour,
Elle vous retombe en retour
Au pied de l’angle elle est montée.
Sachez donc qu’il n’y a de salut en nul autre,
Pour notre éternité autant que pour la vôtre,
Car aucun autre nom pour nous ne fut donné
Par lequel nous puissions un jour être sauvés. »
Lorsqu’ils virent de Pierre et de Jean l’assurance,
Des hommes sans grammaire, instruits dans l’ignorance,
Ils furent étonnés jusqu’en leur fondement,
Sachant qu’ils ont reçu de Christ l’enseignement.
Ils les firent sortir loin du conseil des sages,
Ayant délibéré, leur dirent ce message :
« De par le Sanhédrin, nous n’autorisons plus
Qu’aucun de vous n’enseigne en ce nom de Jésus.
Et si vous refusez d’écouter la sentence,
Nous saurons, sachez-le, vous réduire au silence.
– Jugez, répondit Pierre, que vous semble le mieux,
Ou d’obéir aux hommes, ou d’obéir à Dieu.
Il nous a rachetés, comment pourrions nous taire
De notre grand Sauveur les merveilleux mystères ? »
À défaut de moyens, ne pouvant les punir,
Ces gens se résignèrent à les laisser partir
Car le peuple avait vu s’opérer le miracle :
Cet infirme guéri devant le Tabernacle
Boiteux dès son enfance, âgé de quarante ans,
Maintenant libéré, louant, marchant, sautant.
Après cet incident, les croyants s’assemblèrent,
Élevèrent au Ciel leur fervente prière :
« Seigneur, qui fis la terre et le ciel et la mer,
La lune et les étoiles, et le vaste univers,
C’est toi qui nous parlas par le grand ministère
De ton servant David, le berger, notre père :
Pourquoi tous les peuples s’agitent
Et se soulèvent les nations ?
D’ignobles pensées ils méditent,
Contre Dieu conspiration.
Ponce Pilate, Hérode, envers ton serviteur
Se sont ligués dans cette ville, accusateurs,
D’accord avec les juifs et les nations païennes
Afin que tous tes plans et ton conseil adviennent.
Alors, vois leurs menaces, ô Seigneur tout puissant
Et donne l’assurance à tes pauvres servants,
Qu’en ton nom glorieux des âmes soient guéries
Et que nous proclamions le message de vie.
La place où, pour prier, ils s’étaient rassemblés
S’ébranla sur ses bases et s’est mise à trembler.
Remplis de l’Esprit-Saint et de force, ô merveille !
Ils prêchaient, animés d’une joie sans pareille.
Unis comme un seul cœur la foule des sauvés
Ne gardaient pour eux seuls aucun bien en privé.
Leurs maisons et leurs champs ils offraient en partage
Et tous rendaient à Christ un puissant témoignage.
Aucun ne déplorait l’indigne pauvreté
Car les riches vendaient toute propriété
Et l’on distribuait le produit de leurs ventes
En raison des besoins à la foule indigente.
C’est ainsi que Joseph, Barnabas surnommé,
Lévite Chypriote, leur avait amené
L’or qu’il s’était acquis en vendant une terre.
Ananias et Saphira Actes 5.1/11
Un certain Ananias, incroyable chimère,
En plein accord avec sa femme Saphira,
Un confortable prix de son champ retira.
Ils avaient établi ce brillant stratagème :
Une part de l’argent gardèrent pour eux-mêmes.
Pierre dit : « Ton cœur donc est de Satan rempli,
Ananias, pour ainsi mentir au Saint-Esprit ?
N’es-tu pas libre, enfin, de donner et de prendre ?
N’avais-tu pas le choix de garder ou de vendre ?
Ce n’est pas aux humains que tu viens de mentir
Mais à Dieu, sans remords, sans aucun repentir. »
Ananias s’effondra, terrassé sur la pierre
Et la peur s’empara de l’assemblée entière.
Son corps fut enlevé par quelques jeunes gens
Qui prirent à leurs soins l’ensevelissement.
À son tour Saphira, son épouse frivole
Arriva sur la place. Pierre prit la parole :
« Est-ce à ce prix, dis-moi, que vous avez vendu
Le champ. – Oui, bon apôtre, a-t-elle répondu.
– Vous accordant tous deux dans cette fourberie
Pour tromper l’Esprit-Saint. Ignoble rouerie !
Ne vois-tu pas chez toi les jeunes fossoyeurs
Revenant d’enterrer ton mari, ton seigneur.
Maintenant c’est ton tour, ils sont devant ta porte. »
Foudroyée, face à lui, Saphira tomba morte.
Nouvelles tribulations Actes 5.12/42
Ces faits prodigieux dans la sainte cité,
Guérisons d’impotence ou bien de cécité,
Attiraient tout ce peuple avide de miracles,
De toutes ces merveilles attendant le spectacle.
Beaucoup de citadins, de par l’Esprit touchés,
Embrassèrent la foi, renonçant au péché.
Des foules de souffrants, des villes accourues,
Pour toucher leurs habits se pressaient dans les rues.
Si de leur ombre au moins ils pouvaient les couvrir,
Le cœur guéri, chez eux, ils s’en pourraient partir !
Les sacrificateurs, emplis de jalousie
Saisirent Pierre et Jean, accusés d’hérésie.
On les jette en prison ; mais l’ange du Seigneur
Ouvrit le lourd portail devant ses serviteurs.
Il faisait nuit : « allez ! et prêchez dans la ville
La parole de vie ! Proclamez l’Évangile ! »
Dès le matin, au temple, avec zèle ils prêchaient
Tandis qu’à la prison leurs gardiens les cherchaient.
À nouveau, l’on saisit les serviteurs fidèles,
Les mène au Sanhédrin dont sous savons le zèle
Et la férocité ; le prêtre dit soudain :
« N’ai-je pas interdit, moi qui suis souverain,
D’enseigner en ce nom ? Et dans toute la ville
Vous répandez sur nous des rumeurs inciviles.
Sur nos têtes, ainsi, vous répandez le sang
De ce crucifié. Nous, rabbins innocents ! »
Pierre dit : « À qui donc va notre obéissance ?
À Dieu qui, dans le ciel, a saisi la puissance ?
À celui dont l’Esprit souffle sur l’univers ?
À l’homme sur la terre, corruptible et pervers ?
Le Fils tant méprisé, mis en croix, mis en bière,
Fut à la vie rendu par le Dieu de nos pères
Pour offrir à Juda du péché le pardon,
Offrir en Israël la pleine guérison.
En témoigne l’Esprit qui, selon la promesse,
Est donné pour toujours à ceux qui le confessent. »
Emportés de fureur, les pieux conseillers
Empoignaient les apôtres. Ils voulaient les tuer.
Gamaliel, le savant, un maître qu’on révère,
Se leva, seul, parmi les pharisiens sévères.
Érudit, philosophe, à nul autre pareil,
Écarta Pierre et Jean de leur docte conseil
Et dit : « Gardez-vous bien de vaines violences,
Examinons les faits et pensons en silence.
Vous savez que naguère, un dénommé Theudas,
Et qu’un Galiléen qu’on appelait Judas,
Excitèrent chacun leurs clans à la révolte,
Eurent le désarroi et le sang pour récolte.
Relâchez donc ces hommes et les laissez partir
Car, sans la main de Dieu aucun ne peut bâtir.
Si c’est d’esprit humain qu’est née cette doctrine,
Elle se détruira, la fétide vermine.
Périssent les impies qui s’y sont fourvoyés !
Si c’est d’Esprit divin que nous fut envoyé
Ce roi crucifié, Jésus de Galilée
Je veux le proclamer devant cette assemblée :
Nous aurons combattu la parole de Dieu
Et nous serons blâmés pour un acte odieux. »
Le corps meurtri, roué, l’épaule flagellée,
Interdits d’annoncer la grâce révélée,
Ils chantent, tout joyeux d’avoir été battus
Pour la sainte parole et le nom de Jésus.
Première transition Actes 6/7
Dans l’église de Jérusalem, la situation est tendue entre les chrétiens d’origine juive et ceux d’origine païenne. Les uns et les autres s’accusant réciproquement de favoritisme. Ce conflit aurait freiné la progression de l’Église faute d’une solution équitable. C’est pourquoi les douze apôtres et les anciens décidèrent de nommer diacres (serviteurs) six hommes consacrés : Étienne, Philippe, Prochore, Nicanor, Timon, Parménas et Nicolas.
Étienne, un prédicateur remarquable, sera finalement lapidé. (voir Les voyages de Paul)
Une persécution, dont Saul de Tarse fait partie des meneurs, pousse les chrétiens de Jérusalem à se disperser. Ils profitent de cette situation pour évangéliser les villes de la Terre sainte. C’est ainsi que Philippe arrive à Samarie où il devient l’instrument d’un réveil.
Simon le magicien Actes 8.9/25
Un fameux magicien exerçait dans la ville,
Séduisant un chacun de son talent futile.
Simon, qui par son art, de mille patients
Guérissait tous les maux, voyait tous ses clients
S’éloigner. Un prêcheur de race évangélique,
Les plongeant au bassin, lui volait ses pratiques.
Philippe guérissait, il baptisait aussi.
Simon dit : « J’aimerais tant m’immerger ainsi !
– Aimes-tu l’Éternel de toute ta pensée ?
– Je crois, répond Simon, ma demande est pressée. »
On le baptisa donc. Le mage fut témoin
Des miracles que Dieu opérait par son oint.
De Sion, Pierre et Jean vinrent à Samarie
Apporter du renfort à l’église mûrie.
Les apôtres, priant pour les Samaritains,
Invoquèrent l’Esprit en imposant les mains.
Simon vit l’Esprit saint couler en abondance.
« Il me faut, se dit-il, une telle science.
Combien d’or et d’argent voulez-vous recevoir
Pour me communiquer ce merveilleux pouvoir ?
– Périsse ton argent, immonde mercenaire,
Et qu’il meure avec toi, dit l’apôtre en colère.
Tu t’es imaginé, dans ta méchanceté,
Pouvoir acheter Dieu, reprend Pierre irrité.
Tout en toi n’est que fiel, amertume et que vice.
Que la condamnation sur ton chef s’accomplisse ! »
Simon répond : « Priez vous-même le Seigneur
Afin de m’écarter ce terrible malheur. »
Philippe et l’Éthiopien Actes 8.26/40
Tandis qu’il sommeillait dans une nuit étrange,
Sur sa couche étendu, Philippe vit un ange
Qui lui dit : « Lève-toi ! Prends le chemin désert
Qui descend de Sion vers Gaza, sur la mer. »
Il se lève et s’en va. Le voici sur la place.
Un noble Éthiopien, ministre de Candace,
S’en revenait du temple. Il voulait renconter
L’Éternel en ce lieu, l’entendre et l’adorer.
Sur son char affalé, son attente trahie,
Il lisait un rouleau du prophète Ésaïe,
Mais il était troublé, dans le doute et l’ennui.
L’Esprit dit à Philippe : « Approche-toi de lui.
Donne-lui ton secours, car il cherche la voie.
Pour sauver un pays, ce matin, je t’envoie. »
Philippe l’aborda sur son char et lui dit :
« Mon ami, comprends-tu l’oracle que tu lis ?
– Hélas ! J’ai beau relire, je ne m’y entends guère.
Je dois être guidé. Le pourrais-tu, mon frère ? »
Il fit monter Philippe et, cordialement,
Lut cette prophétie de l’Ancien Testament.
« Comme un bélier à la tuerie,
Un agneau à la boucherie,
Muet sous la main du tondeur,
Il n’éleva nulle clameur.
De qui parle en ces mots le prophète Ésaïe ?
D’un autre ou de lui-même ? Dis-le-moi, je te prie. »
Sur le pur fondement de ces textes abstrus,
L’homme de Dieu parla de la mort de Jésus
Et, les deux voyageurs ayant repris la route ?
De l’eunuque, Philippe avait vaincu le doute.
« Nous voici justement près d’une source d’eau.
Peux-tu me baptiser ici, dans ce ruisseau ? »
C’est ainsi qu’en baptisant ce serviteur de la reine d’Éthiopie, Philippe avait ouvert la porte à l’évangélisation de tout un pays. Celui-ci fut enlevé par l’Esprit Saint, sous les yeux de son nouveau disciple, puis réapparut à Azot. De là il évangélisa les villes où il passait, jusqu’à Césarée.
Deuxième transition Actes 9.1/30
Saul de Tarse est arrêté par le Seigneur sur la route de Damas et capitule devant sa grâce. (voir Les voyages de Paul)
Énée et Tabitha Actes 9.31/43
L’Église était en paix dans toute la Judée
Et dans la Samarie, et dans la Galilée.
Chacun s’édifiait ; l’Esprit-Saint dans les cœurs
Fortifiait en eux la crainte du Seigneur.
Pierre était descendu dans la cité de Lydde,
Il y trouva Énée sur son lit d’invalide.
Il lui dit : « Jésus-Christ te guérit, lève-toi
Et arrange ton lit. » Aussitôt, plein de foi
Se dresse sur ses pieds l’homme paralytique.
De Lydde et du Saron les citoyens sceptiques
Virent Énée debout, les voisins curieux
Se donnèrent alors aux mains de notre Dieu.
Une femme, à Joppé, que l’on nommait Gazelle
Offrait le pain aux pauvres et servait avec zèle.
Hélas ! Elle tomba malade. Elle mourut.
Pierre en fut informé, auprès d’elle accourut.
« Tabitha, lève-toi ! » lui dit l’apôtre Pierre.
Les veuves autour d’elle, en pleurs et en prière
Près du corps étendu, qu’on voyait se presser,
Virent ses yeux s’ouvrir et son corps se dresser.
Pierre lui prend la main et la montre vivante
Aux amis éplorés, à la foule présente.
Les âmes de Joppé confessent le Seigneur
Et Pierre demeura chez Simon, corroyeur.
Corneille Actes 10
Un digne centenier que l’on nommait Corneille
Craignait Dieu et priait dans le jeûne et la veille.
Il vit un jour un ange entrer dans sa maison,
Posant sur lui les yeux, l’appelant pas son nom.
« Que me veux-tu, Seigneur ? répond le militaire.
– Mon Dieu voit tes aumônes, il entend tes prières.
Envoie donc chez Simon, corroyeur à Joppé,
T’enquérir de Céphas, au service occupé. »
Les Romains, sur la route approchaient de la ville ;
L’apôtre sur le toit, les genoux sur la tuile,
Priait. Dans la maison se prépare à manger.
Il voit comme un oiseau dans la nue voltiger.
Ce n’est pas un oiseau, c’est une large toile
Nouée aux quatre coins, cette céleste voile
Supportait des cochons, des serpents, des chameaux,
Des béliers, des taureaux, de puissants animaux.
Certains purs, d’autres non, une clameur étrange
Lui dit : « Lève-toi, Pierre. Tu as faim, tue et mange.
– Non, les commandements de la loi me sont chers,
J’obéis au Seigneur et je mange cacher. »
Mais la divine voix se fit entendre encore :
« Ces animaux impurs et que ton cœur abhorre,
Dieu les déclare purs. Mange et rassasie-toi. »
La même vision se produisit trois fois ;
Puis, l’Esprit saint lui dit : « Voici venir trois hommes,
Trois païens, trois soldats au service de Rome,
Descends, pars avec eux sans hésitation,
Car je les ai mandés pour cette mission. »
Pierre, avec les Romains, se rend à Césarée,
Corneille les attend, sa famille apeurée,
Lui-même au pied de Pierre, s’allonge prosterné.
« Debout, je ne suis qu’homme, répond-il, consterné,
Je suis juif, et la loi m’a bien fait la défense
D’aller chez les païens, d’entrer en leur présence,
Mais mon Dieu m’a prescrit de ne pas regarder
Tel homme pour impur ou tel pour étranger.
Je reconnais que Dieu ne rejette personne
Et dans les préjugés les mots nous emprisonnent ;
Mais en toute province, en toute nation,
Il accorde à chacun sa bénédiction.
À celui qui le craint, pratique la justice,
Il offre sa parole, puissante et salvatrice.
Il l’envoya d’abord aux enfants d’Israël,
Annonçant par le Christ un bonheur éternel. »
Pierre leur annonça le divin Évangile
Du Seigneur mis en croix hors de la sainte ville,
Du Christ mis au tombeau, vivant, ressuscité,
Du divin Fils rempli d’Esprit de sainteté.
« Et Jésus, mon Seigneur, ordonne à ses apôtres
De parler à mon peuple et d’enseigner le vôtre,
Car il devra juger les morts et les vivants
Et pour les temps ultimes il vient avec son van.
Ainsi l’ont proclamé oracles et prophètes :
Qui croit en lui reçoit le pardon sur sa tête. »
Comme Pierre parlait, l’onction descendit,
Sur ces gens assemblés l’Esprit se répandit.
Or, plusieurs circoncis venus seconder Pierre,
Les entendant louer en langues étrangères
Furent tout étonnés, ne comprenaient plus rien :
Le Saint-Esprit peut-il se donner aux païens ?
À ceux qui ont reçu, aussi bien que nous-mêmes
Ce Paraclet, peut-on refuser le baptême ?
Ainsi répondit Pierre, ordonnant la faveur
Qu’ils fussent baptisés dans le nom du Seigneur.
Troisème transition Actes 11.1/18
Les apôtres, tout comme les autres chrétiens, sont scandalisés d’apprendre que Pierre soit allé chez des païens, ce qui est contraire à la loi. Il est donc obligé de raconter son histoire depuis le début. Ayant entendu ses explications, les frères sont finalement satisfaits.
Antioche Actes 11.19/30
Depuis que de Stephan le vivant témoignage
Avait des juifs pieux exacerbé la rage,
Les disciples fuyaient leur patrie, apeurés,
Vers le septentrion s’étaient tous retirés,
Les uns jusques à Tyr ou vers la Samarie,
D’autres plus loin encore, jusques à la Syrie.
De Chypre ou de Cyrène, de zélés serviteurs
Aux Hellènes portaient l’oracle du Seigneur.
Dans les portes d’Antioche, cité prestigieuse,
Métropole du nord aux places glorieuses,
Le message divin avec force amené,
Par la sainte action dans les rues prononcé,
Reçut dans tous les cœurs un accueil favorable
Et la ville connut un réveil admirable.
L’église s’emplissait de nombreux convertis,
Ceux de Jérusalem en furent avertis,
Mandèrent Barnabé de se rendre au plus proche.
Il prit donc sans retard la route d’Antioche.
Il les encouragea, plein de verve et joyeux,
À rester attaché aux paroles de Dieu.
Barnabas prit la mer, voguant jusques à Tarse,
Il en ramena Saul, son précieux comparse.
Pendant toute une année ils prêchaient aux païens.
Les disciples, alors, furent nommés chrétiens.
Rude calamité de la fureur divine,
S’abattit sur l’empire l’effroyable famine,
Ainsi l’avait prédit le prophète Agabus.
La détresse frappa du temps de Claudius.
Pierre délivré Actes 12.1/19
Cependant, à Sion, l’immonde roi Hérode,
Pour plaire aux Judéens et s’en rendre commode,
Fit assassiner Jacques et dans un noir cachot
Pierre envoyer aux fers, innommable complot.
Entre deux vils soudards, les mains chargées de chaînes,
Le saint homme dormait, sans crainte ni sans peine.
Un ange dont l’éclat eut voilé le soleil
Surprit l’homme de Dieu au sein de son sommeil.
Il lui dit : « Lève-toi promptement et te chausse.
Prends ceinture et manteau, abandonne la fosse. »
Pierre croyait rêver, étrange vision !
Est-ce un ange de Dieu, une apparition ?
Ils passent au-devant des deux lignes de garde.
Soldatesque aveuglée, vers eux nul ne regarde.
La lourde grille s’ouvre, et sans aucun secours.
Le voici dans les rues, les places et les cours.
Pierre comprit alors qu’un ange véritable
L’avait sauvé des mains du tyran détestable.
Chez la mère de Marc il dirigea ses pas.
On s’y réunissait pour prier, il frappa.
À la porte apparut Rhode, vieille servante,
De Pierre reconnaît la voix chaude et vibrante
Et, bondissant de joie, elle oublia d’ouvrir.
S’écria : « Pierre est là ! De la geôle a pu fuir.
Il attend dans la rue. – Mon amie, tu es folle
Et veux nous étonner par des contes frivoles !
– Je ne vous trompe pas, je dis la vérité.
– Tu n’as vu que son ange, car il est arrêté. »
Pierre, quand on ouvrit, fit signe de se taire.
« Allez tout raconter à Jacques[1] et nos frères. »
Les soldats prirent peur quand le jour fut venu :
« Malheur ! Au prisonnier qu’est-il donc advenu ? »
Et ces infortunés subirent la colère
D’Hérode. On les mena en peine fort sévère.
L’orgueil d’Hérode Actes 12.20/25
Les rois de Phénicie gavés d’hostilité
S’étaient enfin rendus avecque leurs cités.
Blaste, le chambellan, diplomate efficace,
Des peuples belliqueux étouffa la menace.
Hérode, pour la paix, parapha le traité,
De royaux ornements s’était tout apprêté,
Debout sur une estrade aux colonnes dorées,
De tentures de soie richement décorée,
Sa puissante éloquence il offrit en discours,
Vociférations à réveiller un sourd !
Le peuple en l’écoutant s’agitait en folie.
Eut-on jamais ouï plus brillante homélie ?
Ce n’est pas un mortel qui parle, c’est un dieu !
Aussitôt s’effondra le despote orgueilleux.
Il avait défié la divine puissance
Et de son corps vivant les vers firent bombance.
La parole de Dieu partout se répandait ;
Le nombre des chrétiens chaque jour augmentait.
Quatrième transition Actes 13.1/5
À l’église d’Antioche, le Saint-Esprit demande de mettre à part Saul et Silas, pour une mission particulière. Ils s’embarquent donc pour Chypre, assistés de Jean, alias Marc.
Havré, le 28 novembre 2016
[1] Jacques, frère de Jésus, à ne pas confondre avec Jacques, frère de Jean, nommé plus haut.
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