Troisième tableau
La plaine d’Harmaguédon, après la bataille
Scène VIII
LYNDA – JULIEN – SIGUR – FÉLIXÉRIE
LYNDA
Quel combat ! Quel carnage ! Que de sang ! Que de morts !
Que de chair déchirée !
JULIEN
C’est fini, mon trésor.
FÉLIXÉRIE
J’en suis épouvantée, brave Félixérie !
Que de fer ! Que de feu !
SIGUR
C’est fini, ma chérie.
LYNDA
Tant de deuils ici-bas, de chagrins, tant de pleurs !
SIGUR
L’Antéchrist est vaincu, c’est la fin des douleurs.
JULIEN
C’est le moment de Dieu, redoutable vengeance.
FÉLIXÉRIE
Voici venu pour nous le temps des récompenses.
LYNDA
Voyez autour de nous ce pays dévasté,
Ensemencé de corps, membres déchiquetés.
FÉLIXÉRIE
Ce bas monde a vécu sept années de misère.
SIGUR
J’ai vu tomber Satan précipité sur terre.
Son règne est achevé car voici le Seigneur.
JULIEN
Le soleil de justice, après tant de malheur
Se lève sur les peuples. Ô viens brillante aurore,
Viens, Fils du Dieu vivant que les nations t’adorent.
(Entre Salomon.)
Scène IX
LYNDA – JULIEN – SIGUR – FÉLIXÉRIE – SALOMON
SALOMON
Le peuple d’Abraham, Israël est ici,
Le Messie vénéré sur le temple est assis.
Le peuple méprisé, le peuple qu’on oppresse
Célèbre son sauveur, il éclate en liesse.
Voici le Fils de Dieu, nous l’avons rencontré.
Les enfants de Jacob étaient tous égarés
Quand Yéschoua parut, apportant la parole,
Annonçant le royaume avec des paraboles,
Nous avons refusé son message d’amour,
À sa divine voix nos cœurs se sont faits sourds,
Rejetant par des cris de fureur et de haine
La pleine vérité qui brise enfin nos chaînes.
Qu’avons-nous fait de lui ? Quel crime de nos mains !
Nous livrâmes le Christ au marteau des Romains,
Qui sans nulle pitié sur le bois le clouèrent
Et, dans son agonie plaignant notre misère,
Sur la croix d’infamie pardonnait au brigand,
Aux spectateurs impies, aux moqueurs arrogants.
Pendant qu’il se mourait, se déchirait le voile
Et dans le ciel de plomb s’éteignent les étoiles.
Après tant de souffrance et de siècles passés
Israël reconnaît celui qu’il a percé.
Oh ! Venez et montons à la sainte colline,
Vers la maison de Dieu, la montagne divine,
Vers le Dieu de Jacob, le mont de l’Éternel,
Courrons sur ses sentiers, en marche vers le ciel.
La loi vient de Sion, nous enseignant ses voies.
Le Messie nous conduit, suivons-le dans la joie.
(Entrent Priscille et Théophile.)
Scène X
LYNDA – JULIEN – SIGUR – FÉLIXÉRIE – SALOMON – PRISCILLE – THÉOPHILE
PRISCILLE
Dans la plaine assagie nos amis réunis !
THÉOPHILE
C’est la fin des combats. Les malins sont punis.
PRISCILLE
Ne vois-tu pas, dis-moi, ce merveilleux athlète,
Front couronné d’orgueil, gracieuse silhouette,
Les yeux remplis d’ardeur, le regard éclatant,
Vêtu de pourpre et d’or comme un roi ?
THÉOPHILE
C’est Satan.
Et l’homme, près de lui, qui le couvre de chaînes,
C’est un ange du ciel. Où crois-tu qu’il le mène ?
PRISCILLE
Dans le profond abîme, car il en a la clef,
Séjour sans espérance et cachot bien scellé
JULIEN
Captif il restera pour un long millénaire.
SIGUR
Mille années de repos et de paix sur la terre.
FÉLIXÉRIE
Il sera délivré, au bout de ces mille ans,
Avec Gog et Magog, méchants rois turbulents,
En ultime révolte il séduira le monde,
Mais il sera vaincu, des démons prince immonde,
Avec tous les impies, face au trône de Dieu,
Soudain précipité dans le soufre et le feu.
PRISCILLE
Je vois venir celui qu’on appelle la bête
Et son âme damnée qu’on nomme faux prophète.
(Entre Ariel, tenant liés Plogrov et Bafanov.)
Scène XI
LYNDA – JULIEN – SIGUR – FÉLIXÉRIE – SALOMON – PRISCILLE –THÉOPHILE – ARIEL – PLOGROV – BAFANOV
ARIEL
Ils ne voulaient partir sans vous dire au revoir.
LYNDA
Plogrov et Bafanov condamnés sans espoir.
ARIEL
N’ont-ils point mérité les éternelles peines ?
PLOGROV
Dans le feu de l’enfer je hurlerai ma haine,
Oui, je maudirai Dieu durant l’éternité,
Cracherai sur ce Père et sur sa Trinité.
Nous aurons tout le temps dans ce lieu de souffrance
Pour méditer nos plans mortels.
ARIEL
Allez ! Avance !
(Ariel emmène Plogrov et Bafanov)
Scène XII
LYNDA – JULIEN – SIGUR – FÉLIXÉRIE – SALOMON – PRISCILLE –THÉOPHILE
LYNDA
Ainsi s’est apaisée la colère de Dieu.
JULIEN
Quelle désolation se répand à nos yeux !
Le monde dévasté par l’humaine folie,
Qu’est-elle devenue la planète jolie ?
FÉLIXÉRIE
Dieu nous avait offert un cadeau merveilleux
Que nous avons brisé, enfants capricieux.
SIGUR
Mais aujourd’hui commence un nouveau millénaire,
Il nous reste mille ans pour réparer la terre.
PRISCILLE
L’Éternel aurait pu la réparer sans nous
Mais il nous y appelle. Oh ! Servons à genoux !
THÉOPHILE
Ce rameau d’Isaï naîtra de la racine,
Revêtu de l’Esprit, de la force divine.
Il ne jugera point selon ce qu’il paraît.
Sous son règne le loup quittera sa forêt,
Avec l’agneau vivant parmi les pâturages,
Se nourrira de foin, de verdure en cet âge.
L’aspic ne tuera plus de ses crocs, et l’enfant
Paisible dormira dans le nid du serpent.
Le bœuf avec le lion couchera dans l’étable,
Avec le doux chevreau le tigre redoutable.
SALOMON
Ephraïm et Juda, tout comme les goïm
Ont retrouvé la paix en face d’Éloïm.
THÉOPHILE
Le Christ est revenu couronné de sa gloire.
Il règne à tout jamais. C’est la fin de l’histoire.
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